Pourquoi les sites de rencontre sont surveillés par la CNIL ?

En ces temps d'hyper connectivité, les rencontres peuvent également se faire de façon virtuelle. Les sites proposant ces services sont de plus en plus nombreux. Ils rencontrent un succès grandissant, enregistrant de plus en plus d'inscrits chaque année. Face à cela, la CNIL (Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés) a décidé, en 2014, de les inscrire dans son programme de contrôle. Cette décision s'est soldée par une mise en demeure de huit sociétés, le 29 juillet 2015. À la suite de cela, et face à la forte consommation de ces services par les internautes, il nous a paru important de nous demander pourquoi les sites de rencontre sont surveillés par la CNIL.


Les sites de rencontre possèdent un nombre d'utilisateurs de plus en plus important : 24 % des Français s'y sont déjà connectés au moins une fois, et 40 % pensent y faire appel (Source : IFOP, 2012). Ces chiffres sont trois fois supérieurs à ceux d'il y a huit ans, et il existe désormais des sites pour toutes les attirances : triés par âge, par orientation sexuelle, par passion, par religion, etc. L'offre est donc très importante, et attire tant de monde que la CNIL a souhaité s'y intéresser d'avantage. Résultat : treize sites français montrés du doigt, et huit sociétés (celles possédant ces services) mises en demeure. La raison est un gros manquement à la loi Informatique et Libertés, en particulier sur la collecte des informations personnelles et sensibles de leurs clientèles. "Il s'agit de données particulièrement intimes et des millions de Français sont concernés", indique Mathias Moulin, directeur adjoint de la DPDS (Direction de la Protection des Droits et des Sanctions). Selon lui, il faut que le site informe précisément le genre de données qui vont être récupérées (ethnique, religieuse, sexuelle.) afin que l'utilisateur puisse consentir, ou non, en toute connaissance de cause. C'est donc un problème de transparence vis-à-vis de leurs usagers.


Certains des sites concernés sont des leaders sur leur marché. Il s'agit de Meetic, Attractive World, Adopte un mec, Easyflirt, Rencontre obèse, Destidyll, Forcegay, Mektoube, Jdream, Feujworld, Marmite love, Gauche rencontre, Celibest. Ils possèdent un nombre très important de données sur leurs utilisateurs : leur âge, leur origine, leur croyance, leur localisation, leur pratique sexuelle, leur opinion politique, leurs passions. Tout cela dans le but de trouver le partenaire idéal. Cependant, le consentement n'est pas demandé pour l'ensemble des données récoltées, alors même qu'elles relèvent de l'intimité de l'internaute.


Pour la Commission, un tel manquement est très grave, et pire encore, leurs utilisateurs n'en ont absolument pas conscience. On entend souvent parler de la façon dont sont utilisées nos données personnelles sur Internet, mais celles qui sont laissées à ces réseaux ne sont que trop rarement évoquées. C'est donc le but principal de cette opération et de sa médiatisation : la sensibilisation des internautes. En effet, la CNIL a insisté sur le fait qu'une telle décision n'est pas une punition envers les sociétés concernées, pour le moment, mais une volonté de faire prendre conscience les usagers de ces pratiques.


La mise en demeure signifie que les sites de rencontre visés ont ici trois mois pour modifier leur rapport à ces données. La CNIL leur conseille, par exemple, de mettre en place un système de case à cocher qui permettrait à l'utilisateur de savoir ce qu'il consent à partager ou non, et la sensibilité des informations qu'il transmet. Pour le gérant d'un des sites de rencontre concernés, il s'agit d'avantage de peaufinement dans leurs traitements actuels plutôt qu'une modification totale de leurs procédés. En effet, il explique que ces problématiques font déjà partie de leurs préoccupations actuelles.


Pour se prémunir au maximum de l'utilisation de données trop personnelles, la commission souhaite sensibiliser les internautes à une navigation plus sûre, en utilisant, entre autres, une connexion sécurisée, en HTTPS. Elle conseille également l'adoption d'un pseudonyme, mais surtout de prendre garde aux informations que vous communiquez sur internet, en particulier sur les sites qui en demande un grand nombre.



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