La procrastination. L'art de remettre à demain (ou à bien plus tard) ce que l'on pourrait faire de suite. Celui qui en est atteint, le retardataire chronique, a des difficultés à se mettre au travail, à effectuer certaines tâches, surtout lorsqu'il n'en reçoit pas un plaisir immédiat. À la place, il va faire d'autres actions pour retarder l'échéance au maximum. Mais
pourquoi procrastine-t-on ?
Que vous deviez faire le ménage, appeler un client, travailler sur un exposé, faire du sport ou même rédiger un nouvel article, le manque de motivation et d'envie peut survenir. Et à ce moment précis, toutes les excuses sont bonnes : "je le ferai après la pause-café", "je le fais demain, je serai plus réveillé(e)", "je dois d'abord consulter mes mails. Oh une vidéo de chatons !". Bref, les heures passent et vous n'avez toujours pas fini ce que vous deviez faire. C'est ce que l'on appelle la procrastination et nous serions 20 % de la population mondiale à en être atteint d'une façon chronique (Source : APS Fellow Joseph Ferrari, DePaul University). Mais pourquoi vivons-nous cela ? Et bien, c'est en fait une stratégie d'évitement, le but étant de retarder au maximum le moment où il nous faudra nous confronter à la réalité et finalement réaliser cette tâche, que l'on repousse pourtant autant que possible.
Plusieurs raisons psychologiques expliquent ce phénomène. Tout d'abord, un manque de confiance en soi, avec une peur prononcée pour l'échec. Une faible considération envers la tâche à réaliser peut également en être la cause, ou encore la recherche de l'hédonisme, du plaisir, au détriment du travail.
Pour le premier, le problème est qu'il donne lieu à un cercle vicieux. En effet, en ne répondant pas à ses obligations à cause de son anxiété, cette dernière va prendre de plus en plus d'importance et il sera donc d'autant plus difficile de les traiter, en particulier pour quelqu'un dont la confiance est un problème. Pour de nombreux experts, la peur de l'échec peut être paralysante et peut entraîner l'inaction, afin d'éviter de s'y confronter.
Le deuxième cas se traduit par un manque de motivation : "il n'y a pas d'intérêt à faire cette tâche, elle ne m'apporte rien alors je ne veux pas la faire".
La dernière hypothèse place le plaisir au centre des attentions. Pour les psychologues, il s'agit d'un manque de priorité, c'est-à-dire que l'hédonisme prend toujours le pas sur les obligations, ce qui peut poser des problèmes sur le long terme.
Internet et toutes ses distractions sont bien souvent accusés d'être à l'origine de ce phénomène, qui touche 95 % de la population mondiale au moins une fois au cours de sa vie (Source : APS Fellow Joseph Ferrari, DePaul University) et qui semble connaître aujourd'hui un important essor. Cependant, la procrastination est bien plus ancienne. Les Grecs écrivaient déjà sur ce phénomène en 800 avant Jésus-Christ et elle fut même l'inspiration, mais aussi l'anti-muse, de plusieurs artistes (tel Gilbert Stuart qui prit quinze ans pour achever l'un de ses tableaux). Ce n'est donc pas un phénomène récent, bien au contraire, l'Homme semble avoir toujours connu ce dernier, à des niveaux différents selon les personnes.
Si vous y êtes sujets, pas de panique, cela n'est pas une fatalité, voici quelques conseils pour vaincre la procrastination.
- Tout d'abord, ne pas trop s'en vouloir. Comme nous l'avons vu, c'est un phénomène qui touche un grand nombre de personnes, ce n'est donc pas anormal tant que l'on sait se gérer. Il ne faut pas se fustiger mentalement, surtout dans un cas de manque de confiance en soi car cela ne saura pas vous aider.
- Il faut également y aller par étape, inutile de se dire que vous devez avoir tout fini pour dans une heure. Cela risque bien de vous paralyser, et vous retournerez bien vite à vos vidéos de chatons. Au contraire, faites un planning composé d'étapes et de sous-étapes, que vous pourrez valider à chaque réussite. Vous pourrez ainsi constater votre progression, ce qui vous encouragera à avancer.
- Enfin, mettez en place un système de récompense. Cela peut paraitre enfantin, mais cela motive à l'action : faire une sortie entre amis, consulter un article de Pourquois, lire un bon bouquin, faire un petit voyage. Fixer vous des récompenses en fonction de la tâche, et surtout sachez profiter et décompresser après votre travail, afin de ne plus le faire avant !
En tous les cas, il est important de décomplexer par rapport à cela. Il est normal d'avoir besoin d'une pause de temps à autre, c'est tout à fait humain. Cela ne doit juste pas devenir une mauvaise habitude, et cela ne doit pas vous gêner dans votre rythme quotidien. Prendre un café, regarder une vidéo, échanger avec des amis, etc. sont des bons moyens pour relâcher la pression pour un temps, avant de se remettre sur les tâches qui nous attendent !